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- 78. Le comité a examiné ce cas quant au fond à sa session de novembre 1989 où il a présenté un rapport intérimaire qui a été approuvé par le Conseil d'administration à sa 244e session. (Voir 268e rapport, paragr. 588-636.) Depuis lors, le gouvernement a envoyé de nouvelles observations sur ce cas dans une communication en date du 19 avril 1990.
- 79. En outre, suite à une demande de la Confédération internationale du travail (CISL) motivée par les changements survenus à la fin de l'année 1989 en Roumanie, le Conseil d'administration, à sa session de février 1990, a chargé le Directeur général du BIT de mener les consultations voulues avec le gouvernement roumain afin d'envoyer rapidement une mission de contacts directs dans ce pays. (Voir 270e rapport, paragr. 12.) Cette mission, composée de M. Bernard Gernigon, chef du Service de la liberté syndicale, et de M. Patrick Carrière, fonctionnaire de ce même service, s'est déroulée du 22 au 26 avril 1990. Le rapport de la mission figure en annexe au présent rapport.
- 80. La Roumanie a ratifié la convention (no 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948, ainsi que la convention (no 98) sur le droit d'organisation et de négociation collective, 1949.
A. Examen antérieur du cas
A. Examen antérieur du cas
- 81. Dans le rapport intérimaire présenté au Conseil d'administration en novembre 1989, le comité avait noté que les allégations formulées par la CISL concernaient des mesures de représailles et de répression (arrestations, détentions, condamnations, violences, licenciements) qui auraient été exercées contre des travailleurs ayant créé des organisations indépendantes de la structure syndicale existante ou ayant encouragé leur création, ou qui auraient participé à des mouvements de protestation ou à des grèves.
- 82. Le comité avait formulé les recommandations suivantes:
- "a) Au sujet des allégations relatives à l'usine Six mars de Zarnesti, le comité demande au gouvernement:
- - de fournir des informations précises sur les allégations concernant la convocation à la police de Marin Brinconveanu, les violences qu'il aurait subies et la résiliation de son contrat de travail;
- - d'effectuer les recherches nécessaires pour déterminer si Mihai Torjo et Marian Lupou ont été antérieurement employés dans l'usine Six mars et, dans l'affirmative, d'indiquer les motifs précis de leur départ de l'entreprise;
- - de fournir des informations sur l'arrestation et les violences qui auraient été exercées contre M. Serban et sur les raisons de son éventuel transfert;
- - d'indiquer si Mihai Torjo et Marian Lupou ont fait l'objet d'interpellations par la police et, si oui, dans quelles circonstances.
- b) Au sujet des allégations relatives aux événements de Brasov de novembre 1987, le comité demande au gouvernement de fournir des informations précises sur le nombre d'arrestations et de condamnations intervenues et sur les motifs qui en étaient à l'origine, ainsi que sur les six morts qui seraient survenues lors des manifestations et sur les licenciements qui auraient affecté 215 travailleurs.
- c) Au sujet des allégations relatives à la constitution d'une organisation syndicale indépendante Libertatea, le comité demande au gouvernement de fournir des informations sur le sort des personnes qui auraient fondé cette organisation et, en particulier, sur les circonstances de l'émigration de certaines d'entre elles et sur les motifs d'éventuelles arrestations et condamnations prononcées à l'encontre de Radu Filipescu et sur les allégations selon lesquelles il est régulièrement arrêté et maltraité.
- d) Le comité rappelle l'importance qu'il attache au principe selon lequel les travailleurs et les employeurs ont le droit, sans autorisation préalable, de constituer les organisations de leur choix. Le comité attire l'attention du gouvernement sur la nécessité de mettre la législation en conformité avec la lettre et l'esprit de la convention no 87 et signale cet aspect du cas à la Commission d'experts pour l'application des conventions et recommandations.
- e) Au sujet des allégations concernant les mesures prises contre d'autres travailleurs, le comité demande au gouvernement de fournir des informations précises sur les motifs et les faits précis qui sont à l'origine de la condamnation de Dumitru Iuga, ainsi que sur les représailles dont auraient été victimes Valer Sabau et Nicolae Litoin.
- f) Le comité demande au gouvernement de fournir ses observations sur les allégations concernant le licenciement de 150 travailleurs à la suite d'une grève qui aurait été organisée à Iasi en février 1987."
B. Nouvelles observations du gouvernement
B. Nouvelles observations du gouvernement
- 83. Dans sa communication du 19 avril 1990, le gouvernement déclare sur un plan général que la majorité des allégations formulées par la CISL dans la présente plainte contre l'ancien gouvernement sont fondées. Il ajoute que le nouvel organe dirigeant "le Conseil du Front de Salut National", instauré après la révolution de décembre 1989, a pris rapidement une série de mesures ouvrant la voie à la reconstruction économique et sociale du pays, ainsi qu'au respect des droits de l'homme et des normes internationales, y compris celles des conventions nos 87 et 98.
- 84. Parmi les mesures prises, le gouvernement signale notamment:
- - l'abandon du rôle dirigeant du parti unique et l'établissement d'un système pluraliste de gouvernement (décret-loi publié le 28 décembre 1989, point I);
- - l'abolition du régime de domicile forcé imposé pour opinions politiques et la libération immédiate des personnes qui y étaient soumises. Les personnes déportées pour avoir participé aux grèves de la Vallée de Jiu et de Brasov sont maintenant rentrées chez elles, ont été réintégrées dans leurs anciens postes de travail et ont recouvré leurs droits;
- - le décret-loi du 3 janvier 1990 prévoyant l'amnistie des délits politiques commis après le 30 décembre 1947 (les délits politiques étaient définis de façon extrêmement large, englobaient pratiquement toute activité visant l'obtention de droits démocratiques et comprenaient le délit d'opinion).
- 85. Par ailleurs, le gouvernement a abrogé une série de lois, décrets, règlements, etc., injustes et discriminatoires qui lésaient gravement la liberté de l'individu et les droits de l'homme et, notamment:
- - le décret no 68/1976 imposant le changement de domicile dans les villes déclarées "grandes villes" par la loi;
- - le décret no 56/1978 concernant la systématisation du territoire et des localités urbaines et rurales;
- - la loi no 25/1976 imposant l'embauchage dans un travail utile;
- - le décret no 367/1980 concernant l'utilisation rationnelle du personnel des unités socialistes.
- 86. Le décret-loi no 8 adopté le 31 décembre 1989 a permis de réglementer l'enregistrement et le fonctionnement des partis politiques et organisations civiques. Aux termes de ce décret-loi et des autres lois en vigueur, notamment la loi no 52 de 1945, des syndicats libres et indépendants ont été créés dans pratiquement toutes les entreprises. De plus, 30 fédérations et deux confédérations ont été créées et ce processus se poursuit activement.
- 87. Enfin, les projets de loi suivants ont été élaborés et transmis au Conseil provisoire d'union nationale (le Parlement de la Roumanie):
- - la loi sur les syndicats;
- - la loi concernant la négociation collective;
- - la loi concernant le règlement des conflits collectifs de travail et l'exercice du droit de grève;
- - la loi abrogeant certaines dispositions du Code du travail ou des autres lois normatives contraires aux dispositions des conventions internationales adoptées par l'OIT.
- 88. En ce qui concerne les cas concrets mentionnés dans la plainte, les recherches effectuées ont mis en lumière les faits suivants:
- - MM. Marin Brinconveanu, Mihai Torjo, M. Serban et Marian Lupan de l'Usine Six mars de Zarnesti avaient été convoqués à la police et interpellés, puis transférés à d'autres postes de travail pour avoir essayé de constituer l'organisation syndicale "Libertatea". Toutes les personnes mentionnées plus haut sont revenues maintenant à leurs anciens postes de travail et elles ont recouvré tous leurs droits, les deux premières étant élues au comité du syndicat libre créé à l'usine Six mars de Zarnesti.
- - Après les événements de Brasov en novembre 1987, 60 personnes avaient été arrêtées et condamnées, avec suspension de leur peine mais accomplissement de celle-ci au lieu de travail. Aucun décès n'a été enregistré. Environ 200 ouvriers ont été transférés d'une manière forcée dans d'autres postes de travail. Au mois de janvier 1990, le Tribunal du district de Brasov a jugé de nouveau les 60 personnes, les acquittant toutes. A présent, toutes les personnes condamnées ou transférées sont revenues à leur poste de travail et ont recouvré tous leurs droits.
- - M. Radu Filipescu a participé à la révolution et a été élu au Comité du Front de Salut National; il est maintenant actif dans le Parti républicain.
- - M. Litoin Nicolae avait été condamné à 12 ans de prison pour complot et propagande contre le système socialiste en 1981. Le 3 janvier 1990, il a été mis en liberté et habite la commune Dumbraveni dans le district de Prahova.
- - M. Dumitru Iuga avait été condamné pour propagande contre le système socialiste; il a été libéré le 3 janvier 1990 et réintégré dans tous ses droits à la télévision roumaine. A présent, il est le dirigeant du syndicat de la radiotélévision roumaine.
- 89. Le gouvernement ajoute par ailleurs que M. Valer Serban n'a pu être identifié et qu'il a été impossible, jusqu'à présent, de confirmer que quelque 150 ouvriers auraient été licenciés lors d'une grève en février 1987 à Iasi.
C. Conclusions du comité
C. Conclusions du comité
- 90. Le comité prend note du rapport de la mission du BIT qui s'est rendue en Roumanie du 22 au 26 avril 1990. Il se félicite de ce que la mission a bénéficié tout au long de son séjour d'une large coopération du gouvernement. Le comité prend note également des informations écrites que le gouvernement a fournies en réponse aux demandes d'information qu'il avait formulées dans son rapport antérieur.
- 91. Les allégations présentées par la CISL dans le présent cas concernaient des mesures de représailles et de répression qui avaient été exercées contre des travailleurs ayant créé des organisations indépendantes de la structure syndicale existante ou ayant participé à des mouvements de protestation ou de grèves. La CISL avait notamment mentionné des arrestations, des condamnations, des violences ainsi que des licenciements ou actes préjudiciables dans l'emploi.
- 92. Depuis le dépôt de la plainte et le premier examen du cas par le comité, des changements politiques sont intervenus en Roumanie où un nouveau gouvernement assume le pouvoir depuis décembre 1989.
- 93. Le comité note avec intérêt que le nouveau gouvernement a fourni des réponses exhaustives aux allégations en instance tant par écrit qu'oralement au cours de la mission que le BIT a effectuée sur place.
- 94. En ce qui concerne les condamnations et arrestations de dirigeants et militants syndicaux indépendants, le comité note avec intérêt que l'ensemble des personnes nommément désignées dans la plainte de la CISL ont maintenant recouvré la liberté en application du décret-loi du 3 janvier 1990 portant amnistie des délits politiques commis après le 30 décembre 1947. Cette mesure d'amnistie inclut notamment les personnes condamnées dans le cadre d'activités déployées pour le respect des droits de l'homme, l'obtention des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels et la satisfaction de revendications démocratiques. Seule une des personnes mentionnées dans la plainte n'a pu être identifiée en raison, semble-t-il, d'une confusion dans son patronyme. Le comité note également que ces informations sur la libération des personnes mentionnées dans la plainte ont été confirmées par l'ensemble des interlocuteurs que la mission du BIT a pu rencontrer au cours de son séjour.
- 95. Il ressort également des informations écrites du gouvernement et du rapport de mission que les travailleurs licenciés pour activités syndicales ont été réintégrés dans leur emploi. Certains occupent d'ailleurs maintenant des fonctions de dirigeants syndicaux dans des organisations créées depuis le changement de gouvernement.
- 96. Le comité prend note de ces informations avec intérêt. Il relève cependant que le rapport de mission fait état de difficultés que rencontrent les personnes victimes de licenciements sous l'ancien gouvernement pour récupérer l'ensemble de leurs droits, notamment en matière d'ancienneté. Le comité prend note de la déclaration du ministre du Travail selon laquelle cette question serait examinée et qu'il serait remédié à cette situation. Le comité exprime l'espoir que ces problèmes encore en suspens feront l'objet de discussions avec les travailleurs concernés et qu'ils trouveront rapidement une solution permettant d'annihiler tout préjudice que les intéressés pourraient encore subir du fait de leurs activités syndicales sous l'ancien gouvernement.
- 97. Le comité note par ailleurs que le gouvernement déclare qu'il n'a pas pu obtenir confirmation des licenciements qui seraient intervenus à Iasi en février 1987. Compte tenu de ce que les allégations sur ce point étaient formulées en termes relativement vagues (sans mention de noms ni des usines concernées) et qu'aucun interlocuteur de la mission n'a fourni d'informations à cet égard, le comité estime qu'il serait sans objet de poursuivre l'examen de cette question.
- 98. En ce qui concerne l'état de la législation, le comité note avec intérêt que, par décret-loi publié le 28 décembre 1989, le rôle dirigeant du parti communiste dans l'activité des organisations de masse - y compris les syndicats - a été aboli. Il note également avec intérêt que, sur la base de la loi no 52 de 1945 sur les syndicats professionnels, ont été créées de nombreuses organisations syndicales, dont, en particulier, 30 fédérations et deux confédérations.
- 99. Le comité note également que des projets de législation sont en cours sur les syndicats, sur les conflits collectifs du travail et la grève ainsi que sur la négociation collective. Il se félicite de ce que les deux premiers projets, qui sont déjà élaborés, ont pu faire l'objet de discussions avc la mission du BIT qui a été ainsi à même de formuler certains commentaires sur plusieurs dispositions, à la lumière des principes des organes de contrôle de l'OIT. Le comité note que ces projets vont maintenant faire l'objet d'une publication dans les médias pour susciter une discussion publique sur leur contenu. Le comité rappelle à cet égard au gouvernement l'importance d'une consultation préalable des organisations d'employeurs et de travailleurs avant l'adoption de toute loi dans le domaine du droit du travail. Il exprime donc l'espoir que des consultations sur les trois projets mentionnés pourront être menées à bien rapidement. Enfin, le comité prend note de l'engagement pris par le gouvernement de consulter le BIT sur les projets de loi en préparation, tels que reformulés avant leur adoption. Le comité encourage le gouvernement à agir de cette manière afin que les commentaires que le BIT pourrait formuler sur lesdits projets soient pris en considération en vue d'assurer leur conformité avec les conventions nos 87 et 98 ratifiées par la Roumanie.
Recommandation du comité
Recommandation du comité
- 100. Au vu des conclusions qui précèdent, le comité invite le Conseil d'administration à approuver les recommandations suivantes:
- a) Le comité prend note du rapport de la mission qu'a effectuée le BIT en Roumanie et se félicite de la large coopération que le gouvernement a accordée à la mission.
- b) Le comité prend note avec satisfaction des mesures prises par le nouveau gouvernement - notamment de la libération des syndicalistes détenus et de la réintégration des travailleurs licenciés - qui mettent fin aux graves violations des principes de la liberté syndicale qui avaient été commises sous le gouvernement précédent.
- c) Le comité exprime l'espoir que les problèmes encore en suspens au sujet des travailleurs réintégrés dans leur emploi - notamment quant au droit à l'ancienneté des personnes concernées - trouveront rapidement une solution.
- d) Le comité exprime l'espoir que les projets de législation actuellement en préparation sur les syndicats, sur les conflits collectifs de travail et la grève ainsi que sur la négociation collective feront l'objet de consultations préalables avec les partenaires sociaux. Il encourage le gouvernement à consulter le BIT avant l'adoption desdits projets en vue d'assurer leur conformité avec les conventions nos 87 et 98.
RAPPORT SUR LA MISSION DE CONTACTS DIRECTS
RAPPORT SUR LA MISSION DE CONTACTS DIRECTS - EFFECTUEE EN ROUMANIE
- I. Introduction
- La mission décrite dans le présent rapport, qui a eu lieu du 22
- au 26 avril
- 1990, s'inscrit dans le cadre de la procédure d'examen de la
- plainte en
- violation des droits syndicaux (cas no 1492), présentée en
- 1989 contre le
- gouvernement de la Roumanie par la Confédération
- internationale des syndicats
- libres (CISL).
- Depuis la présentation de la plainte en février 1989, le Comité
- de la liberté
- syndicale du Conseil d'administration a examiné le cas en
- novembre 1989, puis
- en février 1990 où, sur demande de l'organisation plaignante
- et compte tenu
- des bouleversements survenus en Roumanie à la fin de
- l'année 1989, il fut
- décidé de mener les consultations voulues avec le
- gouvernement afin d'envoyer
- rapidement une mission de contacts directs, chargée
- d'examiner les questions
- de fait restées en suspens dans le cadre de la plainte et
- d'explorer les
- sphères d'action où le BIT pourrait apporter son aide dans le
- domaine
- syndical, notamment sur le plan législatif.
- Depuis la session de février 1990 du comité, le gouvernement
- a envoyé une
- communication, datée du 19 avril 1990, apportant des
- réponses sur les cas
- concrets soulevés dans la plainte, ainsi que des
- renseignements sur divers
- textes législatifs adoptés, en cours d'adoption ou en voie
- d'élaboration.
- La mission, qui s'est rendue à Bucarest et Brasov, était
- composée de MM.
- Bernard Gernigon et Patrick Carrière, respectivement chef et
- fonctionnaire du
- Service de la liberté syndicale. La mission a eu deux
- rencontres avec le
- ministre du Travail et ses collaborateurs, les 23 et 26 avril. Elle
- a
- également rencontré deux hauts fonctionnaires du ministère
- des Affaires
- étrangères. Du côté syndical, la mission a rencontré les
- représentants de la
- Confédération nationale des syndicats libres, de la
- Confédération des
- syndicats indépendants Fraternité ("Fratia") et de l'Union des
- syndicats
- libres/Polygraphie, ainsi que le correspondant en Roumanie de
- la Confédération
- internationale des syndicats libres. De plus, la mission s'est
- rendue à Brasov
- où, lors d'une assemblée de dirigeants syndicaux, elle a pu
- recueillir des
- témoignages et répondre à diverses questions. La mission a
- obtenu du
- gouvernement toutes les facilités et la coopération voulues
- pour mener ses
- travaux à bien et s'entretenir avec les organisations et les
- personnes qu'elle
- souhaitait. La liste complète des personnes rencontrées se
- trouve à l'annexe
- I. La mission n'a malheureusement pu rencontrer de
- représentants d'employeurs
- car, selon les renseignements recueillis, il n'existe pas encore
- de telles
- organisations en raison de l'état embryonnaire du secteur
- privé, les quelques
- entreprises privées existant actuellement étant d'ailleurs dans
- leur
- quasi-totalité de type familial.
- Il convient aussi de noter que les divers syndicats et
- fédérations ont réservé
- un accueil chaleureux à la mission tout en exprimant - avec
- insistance dans
- certains cas - les besoins importants et urgents d'information
- sur
- l'Organisation, les structures et les activités syndicales
- démocratiques.
- Certains ont également demandé qu'une aide en ce sens leur
- soit apportée
- rapidement; la mission a donc été amenée, à l'occasion, à
- expliquer et
- préciser le rôle, la composition et le mandat de l'OIT, du BIT et
- du Service
- de la liberté syndicale.
- II. La situation actuelle en Roumanie
- Des élections générales sont prévues pour le 20 mai 1990 et
- quelque 67 partis
- se disputent les suffrages. La date des élections elle-même fait
- l'objet de
- controverses; certains groupes ont demandé son report
- jugeant qu'elle favorise
- le Front de salut national (FSN), actuellement au pouvoir; des
- critiques sont
- également adressées à certains dirigeants du FSN qui auraient
- collaboré avec
- l'ancien régime. Des manifestations se sont déroulées de
- façon ininterrompue
- sur ce thème durant la semaine où la mission s'est déroulée;
- selon les médias,
- d'autres rassemblements et contre-manifestations se sont
- poursuivis la semaine
- suivante. Il existe une certaine agitation et les attentes de la
- population
- sont grandes sur tous les plans.
- La situation syndicale, reflet du climat politique et social, se
- caractérise
- par une activité intense et une certaine instabilité,
- conséquences normales de
- l'abolition des anciennes structures et de la mise en place du
- nouveau paysage
- syndical roumain. Pour résumer, on peut dire qu'il existe
- actuellement: une
- multitude de syndicats indépendants non affiliés à une
- confédération, le plus
- souvent constitués au niveau de l'entreprise ou selon
- l'occupation
- professionnelle et parfois regroupés sur une base territoriale au
- niveau d'une
- ville ainsi que deux confédérations, la Confédération nationale
- des syndicats
- libres (CNSL) et la Confédération des syndicats indépendants
- Fraternité
- ("Fratia"). Sur le plan pratique, toutes ces organisations sauf,
- semble-t-il,
- la CNSL (voir ci-dessous), font face à des difficultés
- considérables dans
- leurs activités quotidiennes en raison du manque de
- financement et des moyens
- matériels les plus élémentaires (téléphone, photocopieurs,
- matériel de
- bureau).
- En ce qui concerne les syndicats indépendants, au lendemain
- des événements de
- décembre 1989-janvier 1990, de très nombreux syndicats
- libres et indépendants
- ont été créés en application de la loi no 52 sur les syndicats de
- 1945, dont
- les dispositions essentielles sont toujours en vigueur. La
- mission a
- d'ailleurs perçu chez plusieurs porte-parole de ces syndicats
- une nette
- réticence à l'affiliation fédérale ou confédérale, ce qui
- s'explique par le
- rejet généralisé du régime syndical antérieur très centralisé,
- mais aussi
- peut-être par un manque d'expérience syndicale
- démocratique.
- Quant aux confédérations, il existe, d'une part, la
- Confédération nationale
- des syndicats libres (CNSL) qui affirme regrouper 19
- fédérations représentant
- 2.800.000 membres, dont 1.800.000 appartiennent à des
- fédérations qui ont déjà
- tenu leur congrès. La CNSL est dirigée par un Conseil national
- provisoire,
- désigné après que l'ancienne structure syndicale regroupée
- dans l'Union
- générale des syndicats roumains (UGSR) eut été dissoute
- après les événements
- de décembre 1989. Le siège de la CNSL est installé dans les
- locaux de
- l'ex-UGSR, dans le même édifice que le ministère du Travail.
- Au sein des
- syndicats indépendants rencontrés par la mission, il existe une
- méfiance
- certaine, voire un rejet total à l'idée de toute affiliation à la
- CNSL. Cette
- dernière n'est pas pour l'instant affiliée à une confédération
- internationale,
- même si certaines discussions ont eu lieu à ce sujet; la
- décision sera prise
- lors du congrès général prévu vers les 14-15 mai 1990 (avant
- les élections).
- Selon les représentants des autres syndicats que la mission a
- rencontrés, la
- CNSL semble toujours avoir accès, sinon aux fonds et aux
- cotisations des
- anciens syndicats, du moins aux facilités et au matériel de
- l'ex-UGSR. Sur un
- plan général, la CNSL déclare avoir d'assez bonnes relations
- avec le
- gouvernement; elle reproche à l'autre confédération "Fratia"
- sa coloration
- politique et ses prises de position sur le partage du patrimoine,
- qu'elle juge
- irréalistes.
- La Confédération des syndicats indépendants Fraternité
- ("Fratia") créée après
- les événements de décembre 1989, déclare pour sa part
- regrouper 38 syndicats
- indépendants (dont quatre fédérations) et plus d'un million de
- membres dont
- 830.000 cotisants. Cette confédération fait face à d'énormes
- problèmes
- matériels et doit compter sur le travail de bénévoles pour sa
- gestion
- quotidienne. La question de la répartition du patrimoine revêt
- une importance
- cruciale pour Fratia, selon qui de nombreux syndicats ne se
- sont affiliés à la
- CNSL qu'en raison des avantages importants, notamment
- matériels et financiers,
- qu'ils peuvent en retirer. Dès que la situation aura été clarifiée,
- Fratia
- estime que la majeure partie de ces syndicats viendront
- s'affilier à elle
- (voir ci-dessous les commentaires relatifs au partage du
- patrimoine syndical).
- La mission a pu constater, à cet égard, que certaines
- organisations
- indépendantes non liées actuellement à une confédération se
- sont dit beaucoup
- plus proches de Fratia, et ont exclu toute affiliation à la CNSL
- qu'elles
- considèrent comme trop identifiée à l'ancienne UGSR, liée au
- régime précédent.
- Les réticences constatées à l'égard de l'affiliation à une
- confédération se
- rencontrent également dans le domaine de la législation
- syndicale: selon le
- ministère du Travail, certains syndicats auraient même déclaré
- ne pas voir la
- nécessité de lois concernant les syndicats, la négociation
- collective, les
- grèves, etc. La mission a eu l'occasion de souligner aux
- représentants de
- Fratia qu'un cadre législatif adéquat, loin de constituer une
- entrave, pouvait
- garantir les droits syndicaux.
- III. Questions relatives aux allégations restées en suspens (cas
- no 1492)
- Lors de sa première rencontre avec la mission, le ministre du
- Travail a
- confirmé les renseignements donnés dans la communication
- du 19 avril, et
- indiqué que toutes les personnes concernées ont maintenant
- recouvré leurs
- droits et réintégré leur poste de travail dans le cadre de
- l'amnistie
- concernant les délits politiques adoptée le 3 janvier 1990.
- L'ensemble des
- organisations syndicales rencontrées ont également abondé
- dans ce sens.
- Toutefois, un dirigeant syndical du combinat de Brasov,
- détenu et licencié à
- la suite des grèves organisées dans cette ville en 1987, a
- déclaré à la
- mission que, bien qu'ayant été réintégré dans ses fonctions et
- acquitté en
- janvier 1990 des condamnations prononcées contre lui en
- 1987 (comme 60 autres
- travailleurs), il n'a pas obtenu un dédommagement intégral,
- notamment au titre
- des droits d'ancienneté, des jours de congé et des allocations
- familiales. Il
- a été également déclaré à la mission qu'un collectif de
- travailleurs victimes
- de représailles sous l'ancien gouvernement avait été constitué
- et que des
- démarches avaient été entreprises auprès du président du
- Front de salut
- national pour que les intéressés soient pleinement rétablis dans
- leurs droits.
- Lors de la dernière réunion avec le ministère du Travail, la
- mission a porté
- ce fait à l'attention du ministre qui s'est engagé à prendre les
- mesures
- nécessaires pour s'informer et remédier à la situation.
- Enfin les autorités ont indiqué que les investigations se
- poursuivaient au
- sujet de M. Valer Sabau (ou Serban) qui n'avait pu être encore
- identifié.
- IV. La question du patrimoine des syndicats
- La mission a abordé cette question avec toutes les personnes
- et organisations
- rencontrées; elles ont donné des évaluations différentes du
- patrimoine en
- question, qui représente de toutes façons un actif
- considérable: de 3 à 4,3
- milliards de lei en espèces (soit de 136 à 200 millions de dollars
- E.-U., au
- cours officiel actuel: 1 dollar = 22 lei), et un important
- patrimoine
- immobilier (nombreux centres de loisirs, de tourisme,
- installations
- récréatives et équipement divers) allant de 30 à 100 milliards
- de lei. Cette
- question est cruciale pour tous les syndicats car aucun n'a de
- ressources pour
- assurer son fonctionnement, à l'exception de la CNSL, qui
- aurait hérité des
- locaux, du matériel et de l'organisation de l'ex-UGSR, tous
- éléments cruciaux
- pour une réorganisation rapide. Les autres organisations
- déclarent craindre
- que la CNSL ne profite de cette situation de fait qui leur
- impose un lourd
- handicap, pour se structurer rapidement, réunir de nombreux
- membres et
- syndicats, obtenir une part disproportionnée du patrimoine lors
- d'un partage
- éventuel (qu'elle pourrait d'ailleurs influencer) et perpétuer ainsi
- sa
- prééminence.
- La position actuelle du gouvernement semble être de ne pas
- vouloir intervenir
- dans le partage du patrimoine et de laisser les différentes
- organisations en
- négocier les modalités. Le ministre du Travail a également
- indiqué que le
- patrimoine des syndicats est actuellement bloqué. Au moins
- une rencontre entre
- les différents courants du mouvement syndical (CNSL, Fratia)
- et syndicats
- indépendants a eu lieu le 19 avril 1990 afin de discuter des
- modalités du
- partage et de créer une commission qui en serait chargée. Il
- aurait été alors
- entendu et consigné par écrit dans un procès-verbal (dont
- copie a été remise à
- la mission) que, dans l'immédiat, une somme de 100 lei par
- syndiqué serait
- prélevée sur les fonds des anciens syndicats et versée aux
- syndicats actuels
- afin de leur assurer un financement minimum. Selon Fratia,
- l'accord a été
- dénoncé le 20 avril par la CNSL; Fratia envisageait de tenir
- une réunion le 2
- mai afin de constituer un front commun des syndicats libres et
- indépendants
- sur cette question. La CNSL a déclaré pour sa part que le
- patrimoine devrait
- rester unitaire jusqu'à ce qu'une décision soit prise lors d'un
- congrès "...
- où Fratia serait invitée". La CNSL a exprimé ses réserves
- quant aux éventuels
- pouvoirs de la commission de partage, soulignant qu'elle n'était
- pas mandatée
- pour parler au nom des quelque 7 millions de syndiqués que
- comptait l'UGSR et
- qu'elle devrait se borner aux questions techniques. La CNSL
- nie notamment
- avoir signé le procès-verbal remis à la mission et affirme qu'il y
- aurait eu
- falsification du document.
- Lors des rencontres avec l'Union des syndicats de la
- Polygraphie et à Brasov,
- les représentants syndicaux se sont dits en accord avec le
- principe d'un gel
- du patrimoine, avec distribution immédiate de certaines
- sommes calculées en
- fonction du nombre de membres, puis répartition ultérieure de
- l'actif total
- selon des modalités à définir démocratiquement entre les
- syndicats.
- L'assemblée des syndicats indépendants de Brasov a émis
- l'idée que, compte
- tenu du fait que les actifs immobiliers sont concentrés dans
- certaines régions
- et ne peuvent être partagés, il conviendrait de constituer une
- société par
- actions dont les titres - et les bénéfices d'exploitation - seraient
- distribués aux divers syndicats proportionnellement au nombre
- de membres.
- La mission a expliqué, lors de toutes les rencontres, avec
- exemples à l'appui,
- diverses possibilités permettant un partage du patrimoine en
- pareille
- situation: négociation entre syndicats avec médiation
- indépendante éventuelle
- en l'absence de consensus; répartition proportionnelle des
- biens en fonction
- des effectifs calculés lors d'élections tenues parallèlement. La
- mission a
- insisté sur l'importance d'un processus de partage équitable à
- la fois pour la
- satisfaction des syndicats dans l'immédiat, et pour l'avenir des
- relations
- professionnelles. Lors de la dernière réunion avec le ministère
- du Travail, ce
- dernier s'est engagé à examiner la possibilité de favoriser la
- reprise des
- discussions entre les confédérations et syndicats
- vraisemblablement dans le
- cadre de la commission de partage du patrimoine.
- V. Les aspects législatifs
- En ce qui concerne la situation actuelle, sur le plan législatif, le
- ministre
- a indiqué lors de la première réunion que les principales
- dispositions de la
- législation roumaine qui ont suscité par le passé les
- observations des organes
- de contrôle de l'OIT ont été abrogées, notamment les articles
- établissant les
- liens entre le Parti communiste et les syndicats, imposant
- l'unicité syndicale
- et interdisant aux syndicats d'élaborer librement leurs statuts.
- Les autres
- dispositions de la loi 52 de 1945 restent en vigueur et
- établissent le cadre
- législatif applicable en la matière.
- Comme le gouvernement l'avait annoncé dans sa
- communication écrite du 19 avril
- 1990, trois projets de loi sont en cours d'élaboration:
- - la loi sur la négociation collective;
- - la loi sur les syndicats;
- - la loi sur le règlement des conflits collectifs de travail et
- l'exercice du
- droit de grève.
- Le ministère du Travail a indiqué que trois principes directeurs
- avaient
- présidé à l'élaboration des projets: respect des conventions et
- recommandations internationales de l'OIT; rédaction de textes
- les plus
- démocratiques possibles; et utilisation, dans la mesure du
- possible, des
- organes d'Etat existants (ministère du Travail et organes
- territoriaux du
- ministère), afin de favoriser une certaine stabilité.
- En ce qui concerne la loi modifiant le Code du travail, un projet
- de texte est
- actuellement discuté par les commissions permanentes
- spécialisées du Conseil
- provisoire d'union nationale (actuel Parlement). Lors de la
- première réunion
- avec la mission, le gouvernement a déclaré envisager la
- possibilité d'une
- publication dans les médias afin de susciter un débat public.
- Le projet de loi
- sur les contrats collectifs est actuellement à l'étude, le
- gouvernement
- préférant en repousser la discussion et l'adoption à 1991,
- puisque les
- employés de l'Etat représentent actuellement au moins 90 pour
- cent des
- travailleurs.
- S'agissant du projet de loi sur les syndicats, dans l'ensemble
- acceptable par
- rapport aux conventions internationales du travail, la mission
- ayant examiné
- une version française du projet a attiré l'attention du ministère
- sur quelques
- dispositions dont la rédaction était soit ambiguë, soit
- incompatible avec les
- conventions internationales, notamment:
- - l'article 2 (1) qui pourrait être interprété comme permettant
- seulement la
- constitution de syndicats d'entreprise;
- - l'article 11 restreignant l'exercice de fonctions de direction
- syndicale aux
- seuls citoyens roumains ayant travaillé un minimum de cinq ans
- dans
- l'entreprise;
- - l'article 43 permettant l'imposition d'une peine sévère
- d'emprisonnement aux
- dirigeants syndicaux dans certaines situations;
- - l'article 45 (2) qui n'envisage pas la création d'unions
- territoriales de
- syndicats à partir de la base.
- La mission a également obtenu des clarifications sur certaines
- dispositions
- obscures, ou trop larges en apparence.
- Quant au projet de loi sur le règlement des conflits collectifs de
- travail et
- l'exercice du droit de grève, le ministre du Travail a déclaré
- que son
- adoption par le Parlement était imminente (le mardi 24 avril) et
- en a expliqué
- verbalement les grandes lignes. La mission a commenté
- certaines dispositions
- qui semblaient à priori poser problème en regard des
- conventions
- internationales, souligné l'importance d'une consultation
- préalable des
- principaux acteurs sociaux concernés avant l'adoption de la
- législation, et
- demandé à pouvoir examiner une version française du projet,
- qui lui a été
- remise au cours de son séjour. La mission a appris entre-temps
- que le projet
- était suspendu et que le texte serait publié dans les médias
- afin de permettre
- un débat et d'éventuelles propositions d'amendement. Les
- deux confédérations
- s'attribuaient le mérite de ce report, tandis que selon le
- Syndicat
- Polygraphie, la présence de la mission en Roumanie et
- l'entretien préliminaire
- avec les autorités n'y étaient pas étrangers.
- Le projet de loi concernant le règlement des conflits collectifs
- de travail et
- l'exercice du droit de grève soulevait certaines questions
- fondamentales,
- notamment l'annexe 2 de la loi qui dresse une liste très large
- des unités de
- travail où la grève est interdite. La mission a exposé la position
- des organes
- de contrôle sur ce sujet, en indiquant les secteurs où une
- interdiction de la
- grève serait clairement incompatible avec les principes de la
- liberté
- syndicale et en expliquant la possibilité de recourir à la notion
- de service
- minimum qui, sans aboutir à une interdiction générale du droit
- de grève, peut
- permettre d'en limiter les conséquences. La mission a
- également attiré
- l'attention du gouvernement sur l'article 11 (3), qui dispose
- qu'une personne
- condamnée pour transgression de ce décret-loi (dont l'annexe
- fait partie
- intégrante) ne peut être élue déléguée des salariés.
- Deuxième aspect important, l'article 29 semblait instaurer un
- système voisin
- de l'arbitrage obligatoire à l'initiative d'une partie, un juge
- pouvant
- statuer sur le bien-fondé des prétentions des grévistes. Selon
- les
- explications des experts du ministère du Travail, la volonté du
- gouvernement
- sur ce point n'était pas d'instaurer un système d'arbitrage
- obligatoire, mais
- de s'assurer que les conditions procédurales préalables au
- déclenchement de la
- grève avaient bien été respectées. La mission a néanmoins
- insisté pour que cet
- article soit reformulé afin d'éviter toute ambiguïté.
- La mission a également attiré l'attention du ministère sur
- plusieurs autres
- dispositions:
- - article 11 (3), inéligibilité au poste de délégué des grévistes
- des
- personnes condamnées pour une des infractions énumérées à
- l'annexe 1 (très
- détaillée);
- - article 19 (2), déclenchement de la grève subordonné à
- l'accord de 2/3 des
- salariés;
- - article 19 (4), interdiction des "grèves à caractère politique",
- sans
- définition précise de cette notion;
- - article 22 (3), durée de la grève établie à l'avance par les
- organisateurs.
- Sur tous ces points, la mission a exposé les principes adoptés
- par les organes
- de contrôle, fait des suggestions et indiqué certains exemples
- de législations
- du travail adoptées relativement récemment par des pays
- passés d'un régime
- dirigiste au pluralisme politique et syndical.
- Les commentaires et suggestions de la mission à l'égard des
- deux projets de
- loi ont semblé rencontrer un écho favorable auprès du
- ministère, qui a
- manifesté sa ferme volonté de coopérer avec le BIT.
- Deux commentaires s'imposent quant aux réactions des
- organisations syndicales
- face à ces deux projets de loi. Premièrement, elles ont
- unanimement déploré le
- caractère insuffisant, voire inexistant, des consultations en vue
- de
- l'élaboration des textes. Il semble qu'un seul débat public
- télévisé ait eu
- lieu sur le sujet.
- Deuxièmement, les réactions quant aux dispositions de fond
- des deux projets
- ont été très différentes selon les interlocuteurs. La CNSL n'a
- pas formulé de
- critiques fondamentales sur leur orientation, exposant sa
- conception de la
- grève comme l'arme ultime de la lutte sociale, qui doit être
- précédée de
- pétitions, protestations et d'une procédure de conciliation.
- Selon la CNSL, la
- grève est actuellement utilisée de façon irresponsable,
- presque automatique.
- Pour sa part, Fratia s'est dit en désaccord profond avec le
- projet de loi sur
- le règlement des conflits collectifs, notamment en ce qui
- concerne l'absence
- de définition des grèves "politiques" et le nombre excessif
- d'exceptions au
- droit de grève. Par ailleurs, Fratia a déclaré trouver plus
- acceptable le
- projet de loi sur les syndicats, mais a néanmoins formulé
- certaines critiques.
- La position de Fratia semble partagée par les syndicats
- indépendants
- rencontrés.
- Le débat est de toute façon maintenant bien engagé sur le
- sujet et il reste à
- voir dans quelle mesure le texte final adopté reflétera les
- commentaires et
- suggestions de la mission et les réactions des organisations
- syndicales.
- Quoiqu'il en soit, le gouvernement s'est non seulement montré
- réceptif aux
- commentaires de la mission, mais a également exprimé son
- désir profond de
- collaboration avec le BIT, sollicitant d'ailleurs son aide sous
- forme
- d'exemples de textes de loi d'autres pays, considérés comme
- étant conformes
- aux normes internationales. Le gouvernement, sur invitation de
- la mission,
- s'est engagé à soumettre au BIT les projets de loi tels que
- modifiés pour
- consultation avant leur adoption.
- Enfin, sur un plan plus général, la mission a fait observer au
- gouvernement
- que l'évolution radicale de la situation en Roumanie permettait
- d'envisager
- rapidement, sans obstacles majeurs, la ratification d'autres
- conventions,
- notamment les conventions nos 135 et 144.
- Au terme de ce rapport, la mission tient à exprimer sa gratitude
- aux autorités
- roumaines pour leur courtoisie, leur réceptivité et les facilités
- qu'elles lui
- ont accordées durant le séjour, notamment l'effort fait par le
- ministère du
- Travail pour lui fournir dans un très bref délai, une traduction
- des projets
- de loi ci-haut mentionnés. La mission souhaite également
- remercier pour leur
- coopération les représentants des diverses organisations et
- confédérations
- syndicales rencontrées.
- B. Gernigon, P. Carrière.
- Appendice
- A. Ministère du Travail et de la Sécurité sociale (23 et 26 avril)
- M. Mihnea MARMELIUC, Ministre
- M. J. MOREGA, Ministre adjoint
- M. Gheorghe BADICA, Directeur, Direction de la législation, de
- la synthèse et
- du contrôle économiques
- M. Coriolan ATANASIU, Chef, Service des relations
- extérieures
- M. Jon PACURARU, Conseiller du ministre
- M. Babeanu CONSTANTIN Spécialiste, relations extérieures
- B. Ministère des Affaires étrangères (23 avril)
- M. Valeriu TUDOR, Directeur
- M. N. CEAUSU, Directeur adjoint, Organisations
- internationales
- C. Union des syndicats libres/Polygraphie (24 avril)
- M. Mihaï IONESCU, Président, Union des syndicats libres de
- typographes de
- Roumanie
- M. George MORMAN, Chef, Syndicat libre des typographes
- (Combinat polygraphique
- de Bucarest)
- M. Ilarian TENE, Secrétaire, Syndicat libre du Combinat
- polygraphique de
- Bucarest
- D. Confédération nationale des syndicats libres,
- Comité national provisoire (24 avril)
- M. Stefan CALINESCU, Coordonnateur général
- M. Gavrila HENTER, Coordonnateur
- M. Adrian MIRCEA, Fédération des syndicats libres de la
- métallurgie et de la
- sidérurgie, membre du Comité national CNSL
- M. Eugen CORLAN, Syndicat libre des centrales atomiques
- Cernavoda, membre du
- Comité national CNSL
- E. Confédération des syndicats indépendants/Fraternité
- ("Fratia"), 24 avril
- M. Ian POPESCU, Vice-président
- M. Paul FLORESCU, Expert économique
- M. Sorin MAYER, Syndicat des chauffeurs, relations
- internationales
- F. Correspondant de la CISL en Roumanie
- M. Mihaï TUDOSIE