Allégations: Les organisations plaignantes dénoncent des violations de droits
syndicaux commises par le gouvernement en lien avec l’arrestation et la détention de
dirigeants et de militants syndicaux, des actes de discrimination antisyndicale et des
pratiques antisyndicales
- 185. Le comité a examiné ce cas pour la dernière fois lors de sa réunion
de mars 2023, lorsqu’il a présenté un rapport intérimaire au Conseil d’administration
[voir 401e rapport, paragr. 197 269, approuvé par le Conseil d’administration à sa
347e session (mars 2023)] .
- 186. L’Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de
l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA) a
envoyé de nouvelles allégations dans une communication datée du 4 août 2023.
- 187. Le gouvernement a transmis des observations complémentaires dans une
communication reçue le 14 septembre 2023.
- 188. Le Cambodge a ratifié la convention (no 87) sur la liberté syndicale
et la protection du droit syndical, 1948, et la convention (no 98) sur le droit
d’organisation et de négociation collective, 1949.
A. Examen antérieur du cas
A. Examen antérieur du cas- 189. À sa réunion de mars 2023, le comité a formulé les recommandations
ci-après sur les questions en suspens [voir 401e rapport, paragr. 269]:
- a) Le
comité prie instamment le gouvernement de fournir des informations détaillées sur
l’état actuel de la demande du Syndicat pour les droits du travail des employés
khmers de l’hôtel Naga concernant l’obtention du statut d’organisation la plus
représentative et, dans le cas où elle remplirait les conditions légales, de veiller
à ce que ce statut lui soit accordé sans délai. Il prie en outre le gouvernement de
fournir des informations sur les mesures prises pour garantir que le syndicat aura
au moins le droit de présenter des demandes au nom de ses membres et de les
représenter en ce qui concerne leurs réclamations individuelles.
- b) Le
comité prie instamment le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour mener
une enquête indépendante sur les allégations détaillées fournies par les
organisations plaignantes concernant les interventions, les violences et les
harcèlements de la part du gouvernement, de l’armée et de la police lors de l’action
syndicale menée par le syndicat, de transmettre les résultats et de veiller à ce que
les autorités compétentes reçoivent les instructions appropriées en vue de supprimer
le danger qu’implique la violence. Le comité demande en outre au gouvernement de
veiller à ce que toutes les accusations portées contre les dirigeants et les membres
du Syndicat pour les droits du travail des employés khmers de l’hôtel Naga pour
avoir participé à une grève pacifique soient abandonnées. Il demande au gouvernement
de le tenir informé des mesures prises à cet égard.
- c) Le comité prie
instamment le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour qu’une enquête
indépendante soit menée sur les divers actes de discrimination et d’ingérence
antisyndicale que les organisations plaignantes allèguent avoir été commis par
l’employeur depuis le début du conflit et de le tenir informé des
résultats.
- d) Ayant à l’esprit les allégations selon lesquelles le statut
des membres votants n’a pas encore été finalisé à la lumière du conflit en cours et
de la longue histoire de non-reconnaissance et de licenciement des dirigeants du
syndicat remontant à la précédente plainte de 2011, le comité prie instamment le
gouvernement de veiller à ce que l’élection d’avril 2022 des dirigeants du syndicat
soit dûment reconnue afin qu’ils puissent défendre efficacement les intérêts de
leurs membres et que les mesures nécessaires soient prises pour que les cotisations
des membres soient dûment transférées au syndicat.
- e) En ce qui concerne les
allégations selon lesquelles l’entreprise a déposé une plainte officielle contre
18 femmes grévistes, dont Chhim Sithar, le comité demande au gouvernement et aux
organisations plaignantes de fournir des informations détaillées sur la nature des
accusations et sur le statut actuel de ces cas.
- f) Le comité exprime sa
profonde préoccupation quant au fait que Chhim Sithar a été arrêtée à son retour du
5e Congrès mondial de la CSI et qu’elle est maintenue en détention préventive depuis
plus de deux mois. Étant donné que les premières accusations portées contre Chhim
Sithar concernaient sa participation à une action syndicale pacifique, le comité
prie instamment le gouvernement de veiller à sa libération immédiate et
inconditionnelle et à la restitution de tout bien syndical confisqué.
- g)
Étant donné que les allégations en l’espèce se rapportent à une entreprise, le
comité prie instamment le gouvernement de solliciter des informations auprès de
l’organisation d’employeurs concernée afin de disposer des points de vue de
l’organisation et de l’entreprise concernée sur les questions en
cause.
B. Informations complémentaires et nouvelles allégations des organisations
plaignantes
B. Informations complémentaires et nouvelles allégations des organisations
plaignantes- 190. Dans leur communication datée du 4 août 2023, l’UITA et son
organisation affiliée, le Syndicat pour les droits du travail des employés khmers de
l’hôtel Naga, fournissent des informations complémentaires et de nouvelles allégations
dans le cadre de cette affaire. En particulier, ils soulignent avec insistance les
condamnations pénales dont font l’objet neuf membres de ce syndicat et le maintien en
détention de sa présidente, Chhim Sithar, ainsi que les remarques formulées par l’actuel
Premier ministre Hun Sen visant à dissuader les membres de ce syndicat de poursuivre
leur participation à la grève légale et pacifique.
- 191. L’UITA rappelle à cet égard les conclusions antérieures du comité
soulignant «qu’aucun travailleur participant à une grève de façon pacifique ne devrait
être passible de sanctions pénales» et que «nul ne devrait être privé de liberté ni
faire l’objet de sanctions pénales pour avoir déclenché ou participé à une grève
pacifique». Le comité demande en outre au gouvernement de veiller à ce que toutes les
accusations portées contre les dirigeants et les membres du Syndicat pour les droits du
travail des employés khmers de l’hôtel Naga pour avoir participé à une grève pacifique
soient abandonnées. L’UITA souligne en particulier la conclusion concernant la
présidente du syndicat selon laquelle, «étant donné que les premières accusations
portées contre Chhim Sithar concernaient sa participation à une action syndicale
pacifique, et profondément préoccupé par son maintien en détention préventive pendant
plus de deux mois, le comité prie instamment le gouvernement de veiller à sa libération
immédiate et inconditionnelle et à la restitution de tout bien syndical confisqué».
- 192. L’UITA observe toutefois que, le 25 mai 2023, le tribunal de
première instance de Phnom Penh a rendu sa décision relative à la condamnation de
neuf membres du Syndicat pour les droits du travail des employés khmers de l’hôtel Naga,
dont Chhim Sithar, à l’issue d’un procès qui s’est achevé le 3 mai 2023. La présidente
du syndicat, Chhim Sithar, a ainsi été condamnée à une peine de deux ans
d’emprisonnement pour incitation à commettre un crime, en application des articles 494
et 495 du Code pénal, et a été renvoyée en prison. Dans un premier temps, Chhim Sithar
avait été placée en détention provisoire durant soixante-quatorze jours, avant d’être
libérée sous caution en mars 2022. Elle a ensuite été de nouveau arrêtée et placée en
détention le 26 novembre 2022. Sa peine d’emprisonnement est de seize mois, en sus de
ses huit mois de détention provisoire.
- 193. Le tribunal a également condamné Chhim Sokhorn, Sun Sreypich, Hay
Sopheap, Kleang Soben et Touch Sereymas, membres du Syndicat pour les droits du travail
des employés khmers de l’hôtel Naga, à des peines d’un an et demi avec sursis, assorties
d’un contrôle judiciaire avec vérifications mensuelles de la police, pour incitation à
commettre un crime en application des articles 494 et 495 du Code pénal. Ry Sovandy, Sok
Narith et Sok Kongkea, également membres du syndicat, ont été reconnus coupables
d’incitation à commettre un crime en application de ces mêmes articles et condamnés à un
an de prison avec sursis.
- 194. Alors que le comité a souligné qu’il «a toujours reconnu aux
travailleurs et à leurs organisations le droit de grève comme un moyen légitime de
défense de leurs intérêts économiques et sociaux», le Premier ministre Hun Sen a, à
plusieurs reprises et en public, exhorté les grévistes du syndicat à mettre fin à la
grève et aux manifestations et miné la légitimité de l’action syndicale. Dans ses
déclarations, le Premier ministre engage instamment les grévistes à cesser la grève, les
accuse d’être des non-salariés recrutés, affirme que des étrangers financent
illégalement la grève et défend les licenciements massifs pratiqués par NagaWorld.
- 195. Ainsi, l’UITA et le Syndicat pour les droits du travail des employés
khmers de l’hôtel Naga prient à nouveau le comité de: i) prier instamment le retrait de
toutes les condamnations fondées sur l’organisation légale de grèves pacifiques et sur
la participation à ces grèves; ii) libérer la présidente du syndicat, Chhim Sithar, et
lever toutes les exigences relatives au contrôle judiciaire des syndicalistes Chhim
Sokhorn, Sun Sreypich, Hay Sopheap, Kleang Soben et Touch Sereymas; et iii) faire cesser
les déclarations visant à dissuader les grèves et les activités syndicales légales.
C. Réponse du gouvernement
C. Réponse du gouvernement- 196. Le gouvernement fournit les informations suivantes concernant les
recommandations précédentes du comité. S’agissant de la recommandation a), il déclare
que le département des conflits du travail n’a jamais reçu de demande de reconnaissance
du statut de syndicat le plus représentatif de la part du Syndicat pour les droits du
travail des employés khmers de l’hôtel Naga. S’agissant des dirigeants élus du syndicat
(en avril 2022), le département a reçu une demande d’enregistrement des nouveaux
dirigeants le 9 mai 2022 et, après examen minutieux des documents justificatifs, a
constaté que leur élection n’était pas conforme à l’article 4 ni, plus particulièrement,
à l’article 9 de la loi sur les syndicats, étant donné que ces dirigeants élus, de même
que certains participants à l’élection, n’étaient plus employés par NagaWorld. Par
conséquent, cette situation avait entraîné un calcul erroné du quorum pour les
élections, ce qui était également en contradiction avec l’article 22 de la loi.
Conformément aux conditions d’enregistrement énoncées à l’article 12 de la loi, le
département a émis une lettre datée du 6 juin 2022 en vue de repousser l’enregistrement
des nouveaux dirigeants. Le syndicat dispose ainsi d’une période de trente jours pour
rectifier ses documents et les présenter à nouveau, comme indiqué à l’article 16 de la
loi. Le 20 juin 2022, le département a émis une nouvelle lettre demandant à NagaWorld de
retenir temporairement les cotisations syndicales afin de garantir la transparence
concernant les avantages des membres du syndicat, jusqu’à ce que les nouveaux dirigeants
soient enregistrés et reconnus légalement. Cette décision du département reposait sur
les dispositions de l’article 25 de la loi, selon lequel les dirigeants et les personnes
chargées de l’administration sont responsables de l’utilisation et de la gestion des
finances et des biens de l’association d’employeurs ou du syndicat de travailleurs
concerné.
- 197. Le gouvernement souligne que les rassemblements et manifestations
pacifiques, organisés en coopération avec les autorités et dans le respect des mesures
de sécurité, de sûreté et de santé publique, sont l’expression de l’exercice des droits
garantis par la Constitution cambodgienne. À l’inverse, les rassemblements et
manifestations sans notification ni coopération avec les autorités enfreignent les
mesures de sécurité, de sûreté et de santé publique, déclenchant des violences et des
troubles sociaux, portant atteinte à l’ordre public, à la sécurité nationale et aux
droits et libertés d’autrui, et exerçant une pression sur le pouvoir judiciaire, qui est
un organe indépendant. Ces actions sont contraires à la loi; les autorités se doivent
donc de prendre toutes les mesures possibles pour les empêcher, et les manifestants en
seront tenus pour responsables.
- 198. Partant, les autorités ont pu prouver de manière incontestable que
les dirigeants du syndicat, en tant qu’organisateurs de la manifestation, avaient
l’intention malveillante de vandaliser les biens de l’entreprise et d’inciter à la
violence en vue de provoquer des troubles sociaux et d’engendrer de l’insécurité, en
utilisant les travailleurs et les manifestants à des fins politiques. En conséquence,
trois d’entre eux ont été arrêtés et poursuivis devant la justice, en application des
articles 494 et 495 du Code pénal cambodgien. En outre, trois autres manifestants ont
également été arrêtés et accusés de faire obstruction aux mesures sanitaires contre le
COVID 19, en application de la loi cambodgienne relative au COVID-19. Ils ont été
libérés et sont actuellement sous contrôle judiciaire. Seule leur dirigeante a été
renvoyée en détention provisoire pour non-respect de l’une des conditions de sa
libération sous caution.
- 199. Mme Chhim Sithar a été à nouveau arrêtée, non pas pour son
implication dans le conflit du travail opposant le syndicat à NagaWorld, mais pour
violation des conditions de sa libération, selon lesquelles elle devait obtenir l’accord
du tribunal si elle souhaitait quitter le pays. Cette violation constituait un
manquement à ses obligations dans le cadre du contrôle judiciaire. Le tribunal a donc
ordonné son arrestation, en application de l’article 230 du Code de procédure pénale. En
réponse à l’allégation selon laquelle le tribunal n’avait pas informé l’avocat ni sa
cliente que cette dernière était tenue d’obtenir une autorisation préalable du juge
d’instruction avant de quitter le pays, le gouvernement réaffirme qu’il s’agit là d’une
condition habituelle d’un verdict de libération provisoire prononcé par un tribunal et
que l’avocat de Mme Chhim Sithar aurait dû avoir parfaitement connaissance de cette
obligation et en informer sa cliente. Conformément à la loi, le cas de Mme Chhim Sithar
relève pleinement de l’appréciation des tribunaux. Les parties qui ne sont pas
satisfaites de la décision du tribunal peuvent faire appel.
- 200. Enfin, le gouvernement réaffirme son engagement ferme à promouvoir,
protéger et respecter tous les devoirs et obligations visés dans les conventions
internationales du travail auxquelles il est partie et qui s’appliquent en
l’espèce.
D. Conclusions du comité
D. Conclusions du comité- 201. Le comité rappelle que ce cas porte sur des allégations de
représailles, de discrimination antisyndicale et de licenciements, ainsi que
d’arrestation et de détention de travailleurs qui ont participé à une action de grève,
dans un contexte où le cadre législatif ne garantit pas de manière adéquate la
reconnaissance effective de la liberté syndicale et où le Syndicat pour les droits du
travail des employés khmers de l’hôtel Naga, créé en 2000, s’est heurté à plusieurs
reprises à des obstacles l’empêchant d’obtenir sa pleine reconnaissance en tant que
syndicat.
- 202. Le comité observe avec une profonde préoccupation que, malgré ses
recommandations précédentes, les organisations plaignantes ont présenté des informations
complémentaires et de nouvelles allégations, dont la condamnation avec sursis d’un
certain nombre de militants du Syndicat pour les droits du travail des employés khmers
de l’hôtel Naga pour leur participation à l’action syndicale concernant le conflit dans
l’entreprise et, en particulier, la condamnation et le maintien en détention de la
présidente du syndicat, Chhim Sithar.
- 203. En ce qui concerne ces allégations graves, le comité observe que le
gouvernement réaffirme son point de vue selon lequel les actions des plaignants étaient
illégales, car elles n’étaient pas conformes aux mesures de sécurité, de sûreté et de
santé publique, sans fournir d’explications détaillées sur la manière dont ces actions
ont eu un impact sur les sujets de préoccupation susmentionnés. De surcroît, le comité
regrette que le gouvernement n’ait pas fourni les décisions judiciaires rendues à
l’encontre des membres du Syndicat pour les droits du travail des employés khmers de
l’hôtel Naga, ce qui aurait pu apporter un éclairage en la matière. Le comité rappelle
qu’il a toujours reconnu aux travailleurs et à leurs organisations le droit de grève
comme moyen légitime de défense de leurs intérêts économiques et sociaux et que nul ne
devrait pouvoir être privé de leur liberté ni faire l’objet de sanctions pénales pour le
simple fait d’avoir organisé une grève pacifique ou d’y avoir participé. Le comité a
relevé que, là où des personnes sont condamnées pour des raisons sans rapport avec
l’exercice des droits syndicaux, la question ne relève pas de sa compétence. Il a
cependant souligné que le point de savoir si une telle question relève du droit pénal ou
de l’exercice des droits syndicaux ne saurait être tranché unilatéralement par le
gouvernement intéressé, mais que c’est au comité qu’il appartient de se prononcer à ce
sujet, après examen de toutes les informations disponibles et, surtout, du texte du
jugement. [Voir Compilation des décisions du Comité de la liberté syndicale, sixième
édition, 2018, paragr. 752, 971 et 181.] Le comité ne peut donc que réitérer au
gouvernement de veiller à la libération immédiate et inconditionnelle de Chhim Sithar,
ce qu’il avait demandé dans sa recommandation précédente, et de fournir toutes les
décisions judiciaires relatives à la condamnation des dirigeants et des membres du
Syndicat pour les droits du travail des employés khmers de l’hôtel Naga.
- 204. Le comité note en outre que le gouvernement réaffirme sa position
concernant la non-reconnaissance de l’élection d’avril 2022 des dirigeants du syndicat;
il doit rappeler à cet égard ses conclusions selon lesquelles l’examen de la demande
relative à cette reconnaissance aurait dû tenir compte du fait que le statut des membres
votants n’avait pas encore été finalisé à la lumière du litige en cours et de la longue
histoire de non-reconnaissance et de licenciement des dirigeants du syndicat remontant à
la plainte précédente de 2011, et qu’une application stricte de l’article 4 et de
l’article 9 de la loi sur les syndicats concluant que ces dirigeants élus, ainsi que
certains participants à l’élection, n’étaient plus employés par NagaWorld, ne devrait
donc pas s’appliquer. Ainsi, le comité prie à nouveau instamment le gouvernement de
veiller à ce que l’élection d’avril 2022 des dirigeants du syndicat soit dûment reconnue
afin qu’ils puissent défendre efficacement les intérêts de leurs membres et que les
mesures nécessaires soient prises pour que les cotisations des membres soient dûment
transférées au syndicat.
- 205. En ce qui concerne le rejet de la demande de reconnaissance du
statut de syndicat le plus représentatif présentée par le Syndicat pour les droits du
travail des employés khmers de l’hôtel Naga, et à la lumière d’un cas précédent
concernant le Cambodge (cas no 2783), le comité rappelle qu’en l’absence de ce statut,
le syndicat n’a pas été en mesure de représenter ses membres devant le Conseil
d’arbitrage. Bien que le comité ne dispose pas d’informations suffisantes pour établir
le statut représentatif du syndicat, il a rappelé que lorsque dans un système de
désignation d’agent négociateur exclusif, aucun syndicat ne représente le pourcentage de
travailleurs requis pour être déclaré agent négociateur exclusif, les droits de
négociation collective devraient être accordés aux syndicats de l’unité, au moins au nom
de leurs propres membres [voir Compilation, paragr. 1389] et que les travailleurs
doivent pouvoir être représentés dans le cadre de leurs réclamations, collectives ou
individuelles, par l’organisation de leur choix. Le comité prend note de l’indication du
gouvernement selon laquelle le syndicat n’a pas demandé le statut de syndicat le plus
représentatif. Dans le contexte actuel, notamment au vu de la non-reconnaissance de
l’élection d’avril 2022 des dirigeants, le comité prie le gouvernement de veiller à ce
que le syndicat ait au moins le droit de présenter des demandes au nom de ses membres et
de les représenter en ce qui concerne leurs réclamations individuelles.
- 206. Enfin, observant que le gouvernement n’a pas répondu à ses autres
demandes en termes de mesures à prendre et d’information, le comité se voit obligé de
rappeler ses recommandations et prie le gouvernement de lui fournir sans délai des
informations détaillées à cet égard.
Recommandations du comité
Recommandations du comité- 207. Au vu des conclusions qui précèdent, le comité invite le Conseil
d’administration à approuver les recommandations suivantes:
- a) Le comité prie à
nouveau instamment le gouvernement de veiller à la libération immédiate et
inconditionnelle de Chhim Sithar et de fournir toutes les décisions judiciaires
relatives à la condamnation des dirigeants et des membres du Syndicat pour les
droits du travail des employés khmers de l’hôtel Naga.
- b) Le comité prie à
nouveau instamment le gouvernement de veiller à ce que l’élection d’avril 2022 des
dirigeants du syndicat soit dûment reconnue afin qu’ils puissent défendre
efficacement les intérêts de leurs membres et que les mesures nécessaires soient
prises pour que les cotisations des membres soient dûment transférées au syndicat.
Dans le contexte actuel, notamment au vu de la non-reconnaissance de l’élection des
dirigeants en avril 2022, le comité prie le gouvernement de veiller à ce que le
syndicat ait au moins le droit de présenter des demandes au nom de ses membres et de
les représenter en ce qui concerne leurs réclamations individuelles.
- c) Le
comité prie à nouveau instamment le gouvernement de prendre les mesures nécessaires
pour mener une enquête indépendante sur les allégations détaillées fournies par les
organisations plaignantes concernant les interventions, les violences et les
harcèlements de la part du gouvernement, de l’armée et de la police lors de l’action
syndicale menée par le syndicat, de transmettre les résultats et de veiller à ce que
les autorités compétentes reçoivent les instructions appropriées afin d’éviter tout
risque de violence. Il prie le gouvernement de le tenir informé des mesures prises à
cet égard.
- d) Le comité prie à nouveau instamment le gouvernement de prendre
les mesures nécessaires pour qu’une enquête indépendante soit menée sur les divers
actes de discrimination et d’ingérence antisyndicale que les organisations
plaignantes allèguent avoir été commis par l’employeur depuis le début du conflit et
de le tenir informé des résultats.
- e) En ce qui concerne les allégations selon
lesquelles l’entreprise a déposé une plainte officielle contre 18 femmes grévistes,
dont Chhim Sithar, le comité prie à nouveau le gouvernement et les organisations
plaignantes de fournir des informations détaillées sur la nature des accusations et
sur le statut actuel de ces cas.
- f) Étant donné que les allégations en l’espèce
se rapportent à une entreprise, le comité prie instamment le gouvernement de
solliciter des informations auprès de l’organisation d’employeurs concernée afin de
disposer des points de vue de l’organisation et de l’entreprise concernée sur les
questions en cause.